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28 juillet 2006

L’esprit de résistance

par Gérard CHARASSE député de l'Allier

C’est une tradition inaugurée par François Mitterrand : le Président de la République française s’adresse aux Français le 14 juillet. À tous les Français. Mais à qui diable parlait donc Jacques Chirac lundi dernier en requérant une interview trois semaines avant ce rendez-vous annuel ? Il parlait à sa majorité parlementaire et à personne d’autre car le président a oublié qu’il avait été porté à l’Élysée pour un second mandat par neuf français sur dix, donc au moins cinq de gauche... Un “fou ingérable” À sa majorité parlementaire, le Président de la République a demandé un peu d’ordre. Terminé le monôme qui dure depuis quelques mois dans une France qui découvre ahurie le Premier ministre porter plainte contre les journalistes pendant qu’il est lui même la cible de son ministre d’État dans une affaire d’espions et d’officines. Terminée aussi la bronca parlementaire de députés majoritaires quittant l’hémicycle pour la buvette en pleine motion de censure et distillant, dans la salle des quatre colonnes, des piques au gouvernement, assassines parfois. Car de mémoire de cinquième république, jamais nous n’avions connu un tel délitement des relations à l’intérieur d’une majorité parlementaire. Les petites phrases sont certes et depuis longtemps légion. Mais, avant le mardi 20 juin à l’Assemblée nationale, avions-nous déjà entendu un parlementaire traiter son Premier ministre de “fou ingérable”  et assumer sa déclaration au point qu’elle sera reprise par les journaux et pas même discrètement démentie ? Avant d’intervenir publiquement, le Président de la République avait commencé de s’inquiéter de ces dysfonctionnements. La semaine dernière, il a personnellement demandé à Nicolas Sarkozy de ne pas assister à la séance de questions au gouvernement afin que le ministre de l’intérieur, régulièrement applaudi par une claque entraînée, ne fasse pas d’ombre au Premier ministre. Arroseur arrosé, Jacques Chirac, qui a oublié qu’il avait été le premier à donner une stature particulière au patron de l’UMP, en l’autorisant contre la règle qu’il avait lui même fixée, à cumuler fonctions partisane et gouvernementale, en le distinguant avec un titre de ministre d’État, et surtout en annonçant, contre la lettre et l’esprit de la Constitution — son article 8 — la nomination simultanée du Premier ministre et du ministre de l’intérieur. La sortie publique du président suffira-t-elle à calmer le jeu ? Pas certain. Même avec sa menace à peine voilée de punir la majorité en se représentant l’an prochain, Jacques Chirac n’est pas sûr d’être entendu. Mais en vieux politique, il sait qu’en se fâchant publiquement la dernière semaine de la session parlementaire, le calme reviendra de toutes façons et pour l’été au moins. Et surtout, il souhaite que la rupture soit le fait de Nicolas  Sarkozy, qui porterait ainsi la responsabilité de la division de la majorité. Une victime collatérale : la République Car la trêve, n’en doutons pas, sera armée. Je ne vois pas, en effet, les deux ou trois camps constitués à droite se rassembler tant ils échangent, depuis quelques mois, des coups qui marquent, de ceux que l’on hésite même parfois à décocher à ses adversaires. Cette violence clanique, c’est une constante de l’histoire, fait toujours une victime collatérale : la République dont on tord les principes, les règles et, plus grave encore, l’esprit. Chacun a bien compris, par exemple, qu’en maternant son Premier ministre, le président de la République a moins le souci de la France et de l’avenir des Français que celui d’enfermer son ministre de l’intérieur dans un carcan qu’il sera obligé de briser publiquement s’il veut s’affranchir de cette majorité avant les prochaines échéances où il souhaite incarner “la rupture”. Chacun a bien compris également que le calendrier parlementaire n’est plus rythmé par les exigences de la construction du droit, par les besoins de notre pays mais qu’il témoigne d’une thématique de campagne qu’il faut dérouler, de sujets qu’il faut voir repris publiquement, sujets sur lesquels la majorité se sent mieux armée que son actuelle opposition. Ne nous y trompons pas, ce sont des équipes de campagne qui ont mis la main sur l’appareil d’État ; le bien commun, au service duquel nous devrions tous nous employer, n’est plus qu’un horizon lointain. C’est donc avec l’esprit de résistance en tête que les radicaux et avec eux toute la gauche doivent se préparer à reconquérir le pouvoir. Personne à gauche ne le fera seul. Au parti radical de gauche, nous avons fait, en ce sens, notre chemin. Notre programme, sorti des réunions militantes et de la convention de Rennes, est prêt et un accord électoral, présenté au dernier comité directeur, est en route. Ils sont perfectibles tant l’un que l’autre ; travaillons-y encore en gardant à l’esprit que faire, c’est faire avec. En politique, comme ailleurs. Et lorsque la République en est là, qui d’autres que les Radicaux pour montrer le chemin ?

Gérard Charasse Député de l’Allier

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